Et si j’étais une femme

Si j’étais une femme, je m’épouserais et nous formerions un couple heureux. Nous aurions une fille au lieu d’un garçon et je serais jaloux de ses petits amis. Notre complicité de couple empêcherait notre fille de nous opposer, l’obligeant ainsi à se soumettre à nos sentiments parentaux. Mais cette double personnalité ne sera pas sans troubler la bonne harmonie de notre couple, gênée par un manque de décisions improvisées capables de nous surprendre.

Comme ses amies adolescentes, notre fille n’hésite à provoquer ma féminité de mère pour s’assurer de la sienne. Et je dois reconnaître que cette comparaison me flatte.

J’ai par contre la surprise de découvrir que mon meilleur ami n’hésite pas à me faire la cour. Et si, en tant qu’homme j’apprécie l’ami, je ne sais pas que penser de lui en tant que femme. Nous nous entendons bien et sommes complices sur beaucoup de sujets, mais de là à me tromper avec lui …

L’éventualité d’en faire mon amant m’amène à prendre mes distances, mais cela ne fait que renforcer son ardeur, allant même jusqu’à lui faire avouer que je suis : « La femme de sa vie ». Là je reste sans voix, hésitant même à lui avouer la vérité. Je bredouille une non réponse qu’il prend pour un encouragement. Du coup, il essaie de m’embrasser et j’ai du mal à le repousser, appréciant, tout en la rejetant, son initiative.

Mais nos rapports deviennent ambigus et j’hésite à lui en parler en tant que « mari officiel », mais cela voudrait dire que « ma femme » m’a raconté sa tentative de séduction, donc sa trahison vis-à-vis de notre amitié.

Moi qui voyais cette double sexualité comme un jeu, je découvre brusquement que c’est un véritable problème et regrette notre vie d’avant, quand nous étions un couple normal.

Mais à l’époque, ma femme était-elle une vraie femme ou, comme moi aujourd’hui, un homme devenu femme ? Ou n’était-elle que mon meilleur ami ?

Compliqué !

Seule vérité : nous avons une fille que nous aimons, comme nous avions un garçon dans ce que je veux appeler une autre vie.